ARTLABO RETREAT : écologies insulaires

à La Colonie du Phare, Île de Batz Résidence collective de recherche

05.06.2023 → 11.06.2023

Dans le cadre de cette première résidence initiée sur l’Ile de Batz en partenariat avec Makery nous avons occupé un lieu, La colonie du Phare, sur la base des communs en y aménageant un espace de vie et de travail collectif.

Nous y avons développé une approche sensible du territoire, en faisant oeuvrer dans son sillage un ensemble de pratiques artistiques auxquelles ont eu accès les publics : habitant·es, marcheur·euses, résidant·es temporaires.

Ce lieu a consisté aussi en un espace où les communautés ont pu produire et diffuser des modes de connaissances ouvertes. Ce rapport à la communauté en fait de véritables lieux et de l’agir en commun : autoorganisation et horizontalité de la gouvernance, partage des ressources, soin apporté à la communauté et de ses conditions d’existence.

Dans une approche prospective, nous avons été amené·es, sans doute, à pouvoir envisager autrement l’écologie : nous ne vivons pas dans un environnement mais dans un ensemble de relations,

dont le maillage constitue les textures de notre rapport au monde que nous parcourons. La pensée archipélique1 que nous évoquons, dans les traces d’Edouard Glissant2, convoque hic et nunc le fait de tisser des liens avec consciences et pirogues3.

Le programme s’est décliné toute la semaine par une série de workshops orientés sur une production locale dans un environnement fragile.

  • Workshop création d’encres de sérigraphie végétales avec les plantes de l’île de Batz pour l’élaboration d’une carte sensible avec Camille Bernicot, graphiste et illustratrice
  • Workshop de design culinaire avec Joanna Wong, artiste
  • Recherches de biomatériaux avec les déchets de l’île avec Design Social Club, designer
  • Enregistrement de sons, installations, diffusions sonores et témoignages radiophoniques avec Πnode.

Artlabo Retreat fait partie du projet coopératif Rewilding Cultures cofinancé par le programme Europe Creative de l’Union européenne.

Cette résidence a été soutenue par la DRAC Bretagne / Ministère de la Culture et de la Communication dans le cadre du volet Innovation Territoriale.

Elle est soutenue par la Fondation Carasso dans le cadre du projet ArtLabo Retreat, Écologies insulaires.

1 Ingold, Tim (2018). Faire Anthropologie, Archéologie, Art et Architecture. Editions Dehors, Faux La Montagne.

2 Le concept d’archipel est basé sur la pensée d’Edouard Glissant, écrivain, poète et philosophe.
L’archipel est plus qu’une réalité géographique, il dessine un paradigme. Selon Édouard Glissant, il offre une nouvelle mesure du monde fondée sur les relations. Dépassant la traditionnelle opposition entre îles et continents, il suppose une reconnaissance de chaque lieu, chaque langue, chaque culture, au sein d’une globalité relationnelle. L’archipel implique ainsi une conception dynamique de l’identité qui n’existe que par la mise en contact des différences, lesquelles ne cessent d’échanger et de se métamorphoser. La créolisation est le nom d’un tel processus qui concerne aussi bien la vie sociale que les modes de connaissance. À l’inverse d’une pensée des enfermements identitaires, elle manifeste, sans morale, la transformation archipélique des humanités.
Inspiré par les pensées et les imaginaires créoles, Glissant a développé la vertu paradigmatique de l’archipel à travers les littératures, les arts, les philosophies et les sciences humaines plus généralement.

3 Glissant, Edouard (1990). Poétique de la Relation. Gallimard, Paris.
Glissant, Edouard (2009). Philosophie de la Relation. Gallimard, Paris.